l’Amicale des Éducateurs de Football du Val-d’Oise en co-organisation avec le District du Val-d’Oise, sous la tutelle de leurs présidents respectifs, Bruno Berrezaie et Claude Delforge, ont réussi leur pari, le 9 février dernier à Taverny, de rassembler plusieurs hautes personnalités féminines du football avec pour objectif de dresser un état des lieux du football féminin et de la Féminisation, l’accueil des jeunes filles, leur fidélisation, le parcours des joueuses pour atteindre le haut niveau… en répertoriant les vrais accélérateurs de développement et en décelant de nouvelles pistes de réflexion.
Animé et rythmé par une chef d’orchestre hors pair, la journaliste sportive Carine Galli, l’événement prenait tout son envol dès l’ouverture de Claude Delforge et Bruno Berrezaie.
Parmi les 220 personnes présentes on pouvait notamment distinguer notre Président Jean-Marie Lawniczak mais aussi Christian Pornin (Président AEF 92), Daniel Louis (Président AEF Seine et Marnaise), Jacky Vivien (représentant AEF 91)… Pourquoi tous ces gens-là se sont levés ce matin? Incontestablement pour « L’Envol du Football Féminin » et les propos tenus en valaient bien la chandelle.
Brigitte Henriques, vice-présidente Déléguée de la FFF a commencé par dresser un état de l’évolution des licenciées en France depuis 2008, passant de +10 000 nouvelles licenciées par an à +20 000 par an ces 4 dernières années pour atteindre près de 121 000 licenciées pratiquantes cette saison. Elle a insisté sur le suivi du plan d’action national initié par le Président Noël Le Graet dès son arrivée à la présidence de la FFF dont l’organisation de la Coupe du monde féminine en France cette année 2019 est une étape incontournable du développement attendu. Que ce soit par les aides comme le FAFA (Fond d’Aide au Football Amateur) ou par des actions significatives comme « Mesdames franchissez la barrière », le football féminin a su prendre l’élan nécessaire pour que les femmes prennent un place significative à tous les niveaux des familles du football (joueuses, arbitres, éducatrices et dirigeantes) même si la marge de progression reste forte.
S’en est suivi quatre tables rondes autour de différentes personnalités nationales ou locales dont voici un résumé
1- L’évolution du football féminin de l’amateurisme au plus haut niveau : Brigitte Henriques (FFF) / Laura Georges (secrétaire FFF) / Peggy Provost (Entraineuse national Pôle France) / Ludivine Floirac (Educatrice amicaliste du Val d’Oise)
Après présentation du parcours de la joueuse de haut niveau, ont été évoqué, notamment par le témoignage de Laura Georges, les conditions et la qualité des entrainements. Ceux-ci ont énormément évolué grâce à la qualité des terrains mis à disposition des joueuses mais surtout aux compétences des éducateurs et éducatrices qui ont apporté une grande qualité sur les séances autant sur les aspects technico-tactiques que dans la préparation physique de la joueuse de haut niveau. En cela l’OL a été un précurseur et un leader dans la mise en place de conditions d’entrainement de haut niveau conduisant à une série de titres de Champion d’Europe. Par ailleurs, l’offre d’accueil des filles, ces dernières années, a progressé dans de nombreux clubs permettant un travail régulier en foot d’animation et en préformation. Cela se traduit par une évolution positive du niveau technico-tactique général des filles perceptible à tous les niveaux du football féminin.
2- Attirer les filles dans les clubs : Brigitte Henriques (FFF) / Ludivine Floirac (Educatrice amicaliste Val- d’Oise) / Valérie Cazenave (Arbitre Val d’Oise) / Laura Georges (FFF)
Au-delà de la barrière culturelle qui, petit à petit, tend à se rompre de par la médiatisation de l’Equipe de France et l’évolution de la société, tout le monde reconnait qu’un des principaux soucis pour les clubs est le manque d’infrastructures pour accueillir les filles dans de bonnes conditions. Problématiques de vestiaires et de terrains mais aussi par la considération de la place des filles dans le club. Beaucoup de club laissent la préférence aux garçons dans l’utilisation des créneaux d’entrainements et de matchs. L’accès à l’arbitrage est encore problématique chez les filles d’une manière générale par manque de confiance en elle. De même si on note une évolution sensible des dirigeantes aux principaux postes d’une association (présidente, secrétaire, ou trésorière) beaucoup de chemin reste à parcourir pour se rapprocher d’un équilibre paritaire.
3- Fidéliser les filles dans les clubs : Ludivine Floirac (Educatrice amicaliste Val-d’Oise) / Laura Georges (FFF) / Brigitte Henriques (FFF) / Valérie Caignard (Educatrice amicaliste Val-d’Oise)
La fidélisation des filles passe surtout par la mise en place d’un encadrement adapté à leurs attentes. Certaines filles en quête de performance et possédant déjà un certain potentiel de football préfèreront jouer avec les garçons tant que le règlement le leur permet (maximum U15 – 14 ans). D’autres, la majorité, préfèrent rester entre filles. Pour cela un environnement d’encadrement sécurisant ayant une fibre maternelle apportera plus de confiance et de compréhension de l’esprit féminin sur les U6F-U11F. Aux plus jeunes âges (6 à 10 ans) les filles sont toutes autant attirées par le foot que par des animations périphériques (Hallowen, carnaval, fêtes diverses, etc….). Plus tard à l’adolescence, les filles auront besoin d’un environnement éducatif plus rigoureux, accompagné de compétences pédagogiques en culture technico-tactique. Ces compétences se trouvent plus facilement chez les garçons car le réservoir des éducatrices capacitaires est pour le moment réduit et bon nombre d’entre elles sont joueuses sur les mêmes créneaux ou sont occupées par leur vie de famille. L’encadrement féminin chez les adultes est très réduit pour ces mêmes raisons mais aussi par le fait que les gouvernances des clubs font plus confiance aux hommes. Les expériences réussies de Corinne Diacre à Clermont (L2) ou Sandrine Mathivet à Dijon (D2) notamment commencent à faire changer les mentalités des présidents de club.
Concernant la formation des éducatrices, certains districts commencent à offrir des modules de formation avec des contenus identiques mais spécifiquement destinés aux féminines. Ceci permet à certaines d’être plus rassurées en étant parmi leurs pairs.
4- L’entraînement des filles : quelles spécificités ? F. Aubert (Coordinateur de préparation physique FFF) / M. Gaspar (Kiné équipe de France Féminine) / Peggy Provost (FFF)/ Brigitte Henriques (FFF)
Frédéric Aubert souligne la spécificité des femmes par rapport à leur morphologie et leur potentiel physique. Il insiste sur le fait que l’approche doit être différente des hommes. Les femmes doivent, sur une séance, travailler d’abord en tonicité et en vivacité pour ensuite passer sur des filières énergétiques d’aérobie capacité sur lesquelles elles peuvent être très endurantes. Il se réjouit que les femmes soient très curieuses mais aussi demandeuses de travail physique adapté à condition de bien leur expliquer la finalité des exercices pratiqués.
Cette compréhension allant jusqu’à l’adhésion deviennent une force mentale perçue au haut niveau. C’est un atout essentiel pour la réussite espérée du football féminin pour cette Coupe du Monde en France.
Bien sûr l’utilisation du ballon tout au long de l’entrainement est essentiel dans la construction physico-technique de la joueuse autant sur les aspects de coordination des mouvements que de l’aisance du corps dans l’espace.
Tout au long des débats le public a pu avoir des éléments de réponses à leurs questions posées que ce soit l’amélioration des infrastructures afin de recevoir des féminines, le rôle des agents auprès des joueuses, les moyens financiers mis à disposition afin de sauvegarder une pratique féminine au sein des clubs, le choix de certains éducateurs d’encadrer des féminines, la carence des gardiennes de but…
La matinée s’est terminée dans une série de remise de cadeaux du terroir du Vexin à tous les intervenants ravis après la mise en valeur de jeunes joueuses du département du Val d’Oise sélectionnées dans les équipes de France des jeunes.