La blessure musculaire est une des blessures les plus présentes dans le monde sportif : elle peut représenter jusqu’à 55% dans un sport donné.
Nous pourrions paraphraser la célèbre réplique d’Amonbofis, dans Astérix et Obélix : mission Cléopâtre : « Pas de fibre musculaire, pas de muscle… Pas de muscle, pas de mouvement… Pas de mouvement… Pas de mouvement ». Générateur de force permettant le déplacement des différents leviers osseux, via les jointures que sont les différentes articulations, les muscles sont les tissus du mouvement : ils sont les seuls du corps humain à posséder une capacité contractile. Le muscle est donc l’unité nécessaire et indispensable pour bouger dans l’environnement. Même s’il serait plus précis de parler du système myotendineux (en y associant les tendons et la jonction entre ces deux tissus), nous nous focaliserons uniquement sur la partie contractile de ce système et plus particulièrement sur les muscles des membres inférieures. Focus sur une blessure qui peut être handicapante et remettre en cause une carrière sportive.
La blessure
musculaire : généralités et examen clinique
La blessure musculaire est une des blessures les plus présentes dans le monde sportif : elle peut représenter jusqu’à 55% dans un sport donné. Cela est notamment vrai dans les sports avec de grandes contraintes mécaniques, avec des changements de direction (sports collectifs ou de raquettes par exemple). Si nous nous attardons sur les membres inférieurs, c’est pour une raison simple : Plus de 90% des déchirures sont situées sur ces membres. Plus précisément, pour le football par exemple, des études ont fait des statistiques sur les groupes musculaires touchés :
· Quadriceps 19%
· Ischio-jambiers 37%
· Adducteurs 23%
· Triceps sural (mollet) 13%
Il faut aussi noter l’origine des lésions musculaires : intrinsèque contre extrinsèque.
Les lésions extrinsèques sont donc liées à des chocs directs. Souvent appelées « béquille », elles peuvent être peu ou lourdement invalidantes. Pour distinguer la gravité, vous pouvez suivre le tableau suivant :
Gravité des blessures musculaires extrinsèques
En fonction de la gravité, l’arrêt peut nécessiter quelques jours à quelques semaines. Dans une contusion sévère, l’utilisation de glace est conseillée dans un premier temps pour éviter la formation d’un hématome.
En ce qui concerne les blessures intrinsèques, il existe différentes classifications. Nous opterons dans cet article pour la classification de Durey et Rodineau (1990).
Classification des lésions musculaires selon Durey et Rodineau
Cette classification permet d’établir une hiérarchie sur l’importance et les conséquences des différentes liaisons. Le stade 0 peut notamment correspondre à de simple courbature, ou à des débuts de crampes. On peut se demander, dès lors, l’utilité d’avoir des « courbatures excessives » après une séance d’entraînement : si celles-ci correspondent à un stade 1, il faut donc se reposer beaucoup plus longtemps au lieu de s’entrainer.
Pour savoir à quel stade on fait face, immédiatement après une blessure, il est possible de faire :
· Une palpation au niveau de la zone touchée : si le fait d’effleurer la zone est douloureux, on peut en déduire que la déchirure peut être importante.
· Sensibilité à l’étirement : le fait de se mettre en position d’allongement du muscle et de commencer très lentement à l’étirer est assez révélateur. Plus la sensation douloureuse est précoce, plus les lésions sont importantes. Rappelons par ailleurs qu’il peut être contreproductif d’étirer un muscle endommagé malgré l’illusion furtive de soulagement parfois ressentie.
· Demander une contraction isométrique : Plus le sportif sera capable de contracter la zone lésée, moins la blessure sera grave.
Ces 3 points forment la tirade douloureuse et permettent de savoir dans un premier temps, si des examens complémentaires sont nécessaires.
Si oui, il faudra donc passer par l’imagerie (notamment l’échographie) pour en savoir plus sur la gravité de la blessure.
Finalement, dès la suspicion d’une lésion musculaire (même d’une simple crampe), il est préférable d’arrêter l’activité musculaire pour éviter d’aggraver la situation.
Les facteurs de risques
Les déchirures musculaires intrinsèques ont une causalité multifactorielle. Il sera donc difficile de savoir quelle en est la cause principale. Voici les différentes causes :
· Un problème de posture
Comme nous l’avons précisé dans l’article précédent sur la périostite, la
posture revêt une importance capitale. Nous vous invitons à lire l’article
suivant : « Posturologie :
Une base pour une démarche prophylactique de l’activité physique et
sportive ».
En effet, les différentes bascules d’épaules ou de hanches peuvent amener à des
perturbations musculaires, notamment la relation force-longueur du
muscle. Il se peut que le muscle soit déjà à une longueur trop importante
pour générer des forces. Le contraire est possible, une relation force-longueur
raccourcie ne permettra pas de générer des forces assez importantes pour
contrôler un étirement (rapide notamment).
· Un déficit de force excentrique
Rappelons que le muscle ne génère pas uniquement de la force en se
raccourcissant (contraction concentrique) : il est capable de faire
des contractions dites isométriques (sans changement de longueur) et
excentriques (allongement).
Les tensions engendrées lors des phases excentriques (à une vitesse de
contraction égale) sont plus grandes que lors d’une phase concentrique. Un
déficit de force excentrique ne permettra pas aux muscles de gérer les tensions
et donc d'amener à une désorganisation des structures musculaires. Ceci est
notamment vrai dans les sports avec de violents changements de direction.
· Une mauvaise technique (de course)
Une mauvaise technique peut être génératrice de blessures musculaires. Ici, nous pouvons nous focaliser sur la technique de course. En effet, il n’est pas rare de se blesser lors des courses (notamment aux ischio-jambiers). Un sportif qui a une mauvaise technique de course augmente drastiquement ses chances de se blesser, car il produit de facto des positions, des tensions ou des vitesses que les structures ne pourront pas gérer.
· Un état de fatigue avancé
En effet, un sportif en état de fatigue avancé augmente son risque de blessure.
· Un état de déshydratation
Rappelons que le muscle est composé à 75% d’eau… Le fait d’être déshydraté va mettre en souffrance les structures.
· Un mauvais échauffement
Le fait de bien s’échauffer optimisera les capacités musculaires à générer des tensions nécessaires à la gestion des contraintes… Si ce n’est pas le cas, le risque est donc augmenté.
· Les antécédents
Les sportifs présentant des blessures articulaires ou des anciennes blessures musculaires présentent plus de chance de se blesser musculairement.
Prévention de la blessure musculaire
Au vu des facteurs de risques, nous avons donc plusieurs pistes de travail pour diminuer le risque de blessure.
Pour améliorer sa technique de course, il est possible de passer pour les
gammes athlétiques : Montées de genoux, talon aux fesses, « talon –
pointe », ciseaux etc. Le travail avec plots, mini-haies, lattes
peut être utile également. Même si la technique ne doit pas ressembler à celle
d’un sprinter (très grand volume d’entraînement pour y arriver), la position du
bassin, des genoux et des bras doit être observée.
La technique de course peut se faire via des bâtons ou "medecine ball". En effet, il peut être demandé (pour travailler le gainage pelvien notamment) de courir avec ces 2 outils. Il est possible de faire des courses avec un bâton sur les épaules, avec les bras tendus au-dessus de la tête avec le "medecine ball" ou un bâton pour améliorer la transmission des forces via le gainage pelvien.
· Améliorer sa force excentrique
Plusieurs possibilités s'offrent à vous :
1. Chute d’une hauteur
Il est possible de demander aux sportifs de se laisser tomber d’une certaine hauteur et d’amortir (en squat complet) le saut. Il sera demandé de générer des forces dès le contact au sol pour amener les fesses vers le sol. Il faut bien sûr adapter la hauteur de la chute, au niveau du sportif. Nous travaillons également la capacité du muscle à accumuler de l’énergie élastique.
2. Travail quasi-maximal ou supra maximal en musculation
Un travail excentrique en musculation est possible. Il est possible de faire un travail excentrique avec des charges quasi-maximales (>90% de la Résistance maximale ou 1 RM) ou supra maximales (100 à 115% du 1RM). Il ne sera pas demandé de relever la charge : le sportif devra freiner pendant 3 à 5 secondes la charge. Il faut donc être au moins deux pour faire ce type de travail et le faire avec un public au moins intermédiaire/avancé.
3. Freiner en étant tracté par un élastique
Le travail sera effectué avec un élastique de résistance. Le but est alors de freiner la course effectuée, en étant tracté par l’élastique, en quelques pas. Vous pourrez voir un exemple ici : https://www.sci-sport.com/videos/acceleration-vers-l-arriere-avec-bande-elastique.php
Conclusion
La blessure musculaire est une pathologie handicapante, connaissant différents niveaux de gravité. Il est difficile de savoir l’origine de la blessure, lorsque celle-ci est intrinsèque. Il faut donc que l’entraîneur soit vigilant et propose une grande variété d’exercices et de contraintes pour minimiser le risque de blessure.